LE TEMPS DU COVID-19 : UN COMBAT SPIRITUEL

Nous vivons une époque très exigeante. Nous sommes bousculés, dans tous les sens. A tous points de vue : familial, sociétal, sanitaire, financier, matériel, également sur le plan spirituel. Qu’est-ce que c’est qu’écouter la Parole et la mettre en pratique et entrer ainsi dans un rapport de fraternité avec le Christ, comme Jésus nous y invite dans l’Evangile, en ces temps chahutés de coronavirus ? Quel est le combat spirituel à mener ? Car il s’agit bien d’un combat, comme Jésus lui-même a combattu le Tentateur au désert, puis à l’heure de la mort. Notre époque est riche de combats et donc de tentations. En voici, parmi de nombreux autres, une petite série.

Nous avons l’impression de découvrir un monde fragile, très fragile. Dans d’autres coins du monde ou de notre société, la fragilité fait partie du quotidien. Mais nous qui sommes habitués à tant de confort, nous pensions avoir oublié la fragilité. Ou nous l’avons nié. La tentation est en effet de cacher la fragilité, de la croire éphémère, aisément surmontable. Non, le chrétien sait que Dieu lui-même s’est rendu fragile, vulnérable, en son Fils crucifié. Et que précisément là, la force de Dieu peut se manifester. « C’est quand je suis faible, que je suis fort » (2 Co 12,10). Premier combat : accepter tant de fragilités. Cela demande beaucoup d’humilité.

Cela peut nous faire croire qu’il nous faut à tous prix revenir à la situation antérieure, à avant. C’est un leurre, une pure illusion. Nous avons à quitter des temps révolus, sans trop de mélancolie, sans regarder en arrière, au risque sinon d’être transformés en statues de sel, comme la femme de Loth (Gn 12,26).  Il nous faut accepter que « nous ne sommes pas dans une époque de changements, mais dans un changement d’époque » (Pape François). Deuxième combat : ne pas regarder en arrière.

Le climat anxiogène qui nous entoure fait monter en nous la peur. Ou plutôt des peurs. Des peurs identifiables, des angoisses subtiles qui se cachent derrière. Des peurs, certaines tout à fait légitimes, mais qui nous paralysent. De peurs qui font peur. Exactement ce qu’attend le Tentateur pour nous faire faire n’importe quoi. Il nous faut garder, comme le Christ, envers et contre tout, un esprit ouvert et une confiance, ancrée dans notre foi. Troisième combat : ne pas avoir peur de sa peur.

La distanciation sociale, qui est nécessaire au plan sanitaire, induit hélas d’autres prises de distance. Une distanciation psychologique, qui nous éloigne de l’autre, qui fait qu’on s’en désintéresse. Mon prochain, s’il est lointain, ne serait-il donc plus mon prochain ? Le Pape François, dans se toute récente encyclique Fratelli tutti, nous rappelle que la fraternité ne connaît pas de distances physiques. Quatrième combat : rester proche, se faire proche. Par d’autres moyens certes. Mais se vouloir proche.

Nous portons des masques. Pour ne pas respirer le virus. Mais ne portions-nous pas depuis longtemps des masques ? Plus subtils, plus discrets que ces morceaux de tissu. Des masques pour nous faire passer pour un autre. Le Tentateur aime que nous nous déguisions, que nous habitions un personnage qui n’est pas nous. Cinquième combat : être soi, rester soi. Quelles que soient nos envies de masques.

Les experts ne sont guère d’accord entre eux. Les gouvernements se disputent sur les règles à appliquer, les restrictions à mettre en œuvre. Les tensions deviennent palpables. Le Tentateur adore ! Car il est diabolos, le diviseur. Sixième combat : que l’Esprit Saint qui habite en nous, nous garde dans l’unité.

Et enfin, subtile tentation, si discrète, si insidieuse pourtant : baisser les bras. Le à quoi bon, le tant pis. Se laisser aller, avec le courant. Voici le septième combat : le découragement.

Que cette crise, comme le mot crisis l’indique, soit vraiment, pour chacun, un temps de discernement. Que nos mains si propres par le gel hydro-alcoolique ne nous empêchent pas d’être salies, dans le service à nos frères. Que la contagion que nous redoutons, ne nous retienne pas d’être contagieux de l’amour de Dieu. Car, on me l’a confirmé en haut-lieu : il n’y a pas de chrétien asymptomatique.

+Jean Kockerols