Édito d’Anne

« Je rêvais de restaurer la dignité de l’homme, là où son humanité a été asservie, anéantie… » C’est Magda Hollander-Lafon qui parle, cette vieille dame qui témoigne de ce qu’elle a vécu, vu et rencontré à Birkenau où elle était déportée.

Etonnant petit bout de femme de 95 ans qui a vécu l’horreur et proclame « Vive la vie ! »… parce qu’elle croit en l’humanité de l’homme, en cette force de vie qui transcende l’ombre.

Daniel LEAL / AFP


Pas facile de reprendre à son compte un tel optimisme en ces jours de guerre. La guerre chez nous, en Europe ? Mais non, on avait dit « plus jamais ça ! » On avait dit « Ils n’oseront pas ! » On avait dit, on avait dit mais on se contente souvent de bavarder, de critiquer l’un, de porter l’autre aux nues, d’analyser théoriquement, de s’étaler en conjectures, de rouler des mécaniques et bla bla bla… Et encore une fois, des enfants sur les routes, des familles disloquées, des immeubles détruits, toute une vie qu’on laisse derrière soi pour fuir la terreur et la fureur.

Et encore une fois, sans attendre de mots d’ordre ou autorisations « officielles » la solidarité qui se déploie, parce qu’on ne peut pas rester sans rien faire comme si cela ne nous concernait pas, comme si cela ne pouvait pas nous arriver aussi… c’est là que se niche l’espérance en l’humanité de l’homme, si fragile, si faible, mais forte aussi parce qu’indestructible, comme une lame de fond qui vient ronger les pieds d’argile de ceux qui se croient invincibles.

Nous n’avons qu’un devoir : continuer à croire en la vie ! Le dire, le manifester, le proclamer, l’écrire, le chanter mais surtout le vivre… Soigner la peur des enfants en ne leur cachant pas que nous sommes inquiets nous aussi, mais en leur disant également que la majorité des êtres humains désire vivre dans un monde en paix, et que certains se lèvent ou s’agenouillent en prière pour que cela se sache, et qu’ils peuvent être avec nous, de ceux-là… des hommes et des femmes de paix et d’espérance, témoins vigilants aujourd’hui, là où nous sommes parce que, comme le dit encore Magda Hollander-Lafon : « Demain dépend de chacun et de chacune de nous ! »

A l’entrée de ce carême 2022, quel autre choix aurions-nous ? Comment pourrions-nous être à l’image de Jésus crucifié-ressuscité si nous ne sommes pas résolument du côté de la solidarité, de la compassion, de l’espérance et de la paix… du côté de la vie envers et contre tout ?

ANNE