A vos compteurs!

Ces 150 minutes peuvent être réparties sur la semaine: trois fois 50 minutes ou cinq fois 30. C’est accessible à tout le monde, même avec une vie dense. Monter les escaliers, faire ses courses à pied, jardiner…, cela fait aussi partie des 150 minutes et permet déjà d’être en meilleure santé. « Le problème dans les maisons de repos c’est qu’on fait tout pour les seniors qui sont donc vraiment inactifs. C’est en partie pour cela qu’ils ont été si ,touchés par le coronavirus », explique la chercheuse de l’UCLouvain. « Le fait de bouger, de contracter les muscles, d’une part, renforce le système immunitaire et, d’autre part, procure un niveau suffisant de forme physique cardio-respiratoire. » Or, le virus provoque justement des dégâts dans les voies respiratoires; mieux les protéger peut donc s’avérer très utile, voire salvateur!« Attention! Il y a toujours des exceptions à la règle et ce serait très dangereux de dire que l’activité physique est bonne sur tous les plans », insiste Louise Deldicque. En effet, l’aspect génétique intervient aussi; dès lors des personnes actives et en bonne santé sont mortes à cause du coronavirus. Ainsi donc, l’exercice physique ne protège pas à 100% du virus et n’empêche pas celui-ci d’entrer dans l’organisme. Il n’est donc pas préconisé en traitement exclusif mais vient en complément d’autres traitements médicaux, supervisés par un médecin et en accord avec le diagnostic médical.

En prévention, certainement!

« Pour répondre à des problématiques de santé, la prévention est le maître-mot et c’est le premier rôle de l’activité physique », explique la chercheuse. En curatif, l’activité physique peut être maintenue tant que les symptômes se limitent à un rhume. En effet, le système immunitaire – renforcé par l’activité physique – est capable de réagir rapidement contre l’attaque du virus mais uniquement chez les patients très peu atteints. Mais Louise Deldicque nous met en garde: « Quand l’inflammation est trop développée – une pneumonie par exemple –, l’activité néfaste. Il faut donc plutôt prévenir par l’activité physique que vouloir guérir. »

Fièvre = stop!

« D’ailleurs, poursuit-elle, en cas defièvre (38° ou plus), on arrête toute activité physique car cela peut engendrer d’autres dérèglements. » Selon l’étude qu’elle a menée avec ses confrères,« la progression du COVID-19 dépend en grande partie de l’état de santé initial d’un individu et de la réponse immunitaire déclenchée par l’infection. Si la personne est déjà fragile à cause d’autres maladies fortement inflammatoires comme l’obésité ou le diabète, il s’en suit une inflammation pulmonaire qui peut être mortelle ».

Cet état inflammatoire causé par d’autres maladies et dit de ‘bas grade’ apparaît aussi avec le vieillissement et l’usure des cellules. C’est un phénomène normal qui ne pose pas de problèmes, sauf en cas d’attaques virales. C’est pourquoi les personnes âgées, même si elles ne présentent pas de signes de comorbidité, sont des personnes à risque. D’où l’importance pour les seniors de rester actifs.

Cascade de problèmes…

Le problème c’est qu’actuellement il y a aussi une ‘pandémie d’inactivité physique’ qui concerne essentiellement le monde occidental. « Bien sûr, ce serait trop réducteur de dire que la pandémie de coronavirus est due uniquement à l’inactivité physique. Cependant, explique la chercheuse,la relation entre obésité ou diabète et COVID-19 est de plus en plus évidente car il y a déjà des inflammations présentes dans l’organisme. Les virus s’installent dans ce cas plus facilement et peuvent alors faire des ravages. Les gens sains attrapent aussi le virus mais ne développent pas les symptômes que les diabétiques ou les obèses ont connus. Ce constat va sans doute nous conduire à soigner l’obésité ou le diabète non pour ce que sont ces maladies mais pour tout ce qu’elles peuvent engendrer comme conséquences secondaires. »

… et solutions en cascade?

Beaucoup de maladies sont liées à notre époque: le cancer, le VIH, les maladies cardiovasculaires, le diabète, les troubles cognitifs (maladie d’Alzheimer ou de Parkinson) et l’obésité. En réponse aux problématiques de santé, l’activité physique fait donc partie des solutions mais n’est pas la seule. Ceci dit, l’obésité et le diabète sont des maladies qu’on peut facilement éviter grâce à une activité physique régulière. En la proposant aux personnes à risque de développer ces maladies – les prédiabétiques, les gens en surpoids mais pas encore obèses – on a vraiment plus d’impact, sans recourir à des médicaments et à moindre coût pour la sécurité sociale.« Nous, chercheurs, cela nous occupera beaucoup dans les années à venir », conclut Louise Deldicque. Si c’est au bénéfice de notre santé, tant mieux!

✐ Nancy GOETHALS