Un enjeu existentiel et universel

En 2015, les catholiques mettaient en place deux initiatives importantes pour le climat: le Mouvement Catholique Mondial pour le Climat et l’encyclique Laudato Si’. Retour sur un enjeu devenu existentiel: l’écologie intégrale.

L’encyclique Laudato Si’, plaidoyer du pape François pour une écologie intégrale, n’a pas perdu de son intérêt. Ce document, à la fois interpellant et plein d’espoir, est devenu une référence et un outil pour agir face aux changements climatiques. C’est ainsi que le Mouvement Catholique Mondial pour le Climat (MCMC) s’est engagé depuis cinq ans, avec ses 400 organisations membres, dans une campagne d’actions multiples et internationales. En 2020, l’urgence d’agir est, hélas, plus que jamais d’actualité… En témoigne l’interview de la princesse Esmeralda de Belgique: riches ou pauvres, peu importe notre âge, nous sommes tous concernés. Le pape le rappelait déjà: « C’est un drame pour nous-mêmes, parce que cela met en crise le sens de notre propre passage sur cette terre » (LS § 160).
Claire Brandeleer, du Centre Avec (1), a fait de Laudato Si’ son outil de travail et d’inspiration. Elle considère que « le pape fait de la question écologique une question existentielle, une question de sens de la vie ». Pour de nombreux catholiques et des organisations telles que le Centre Avec et le MCMC, l’encyclique sert de boussole morale et spirituelle pour orienter chacun dans la construction d’un monde juste et durable pour tous les êtres vivants.

En avant!

« Tout est lié » est une expression récurrente de l’encyclique. Le pape écrivait que nous faisons face à « une seule et complexe crise socio-environnementale. Les possibilités de solution requièrent une approche intégrale pour combattre la pauvreté, pour rendre la dignité aux exclus et simultanément pour préserver la nature. » (LS § 139). C’est en effet ce qu’ont réclamé les manifestants pour le climat au cours de leurs marches hebdomadaires: « la justice sociale et climatique : maintenant! »
L’encyclique Laudato Si’ apparaît de plus en plus pertinente, constate le Dicastère du développement humain intégral – un organe du Saint-Siège.
Et la pandémie de coronavirus a intensifié l’urgence d’agir ensemble. En lançant ce 24 mai une année écologique, le pape et l’Eglise (2) ont donc décidé de continuer à agir sur tous les plans: spirituel, personnel et politique.
Avant tout, la transition écologique nécessite des changements à l’intérieur de soi: quel regard portons-nous sur notre monde? Avons-nous conscience que nous faisons partie de la biodiversité – magnifique et si fragile? Nous sommes invités à louer Dieu pour la création – Laudato Si’ signifie « loué sois-tu! » – et prier pour nous laisser inspirer.
Car il n’est pas question de rester les bras ballants. L’objectif est d’aider les catholiques à montrer l’exemple et à réduire considérablement leur empreinte carbone collective, voire – pour les institutions catholiques – à atteindre la neutralité carbone au cours des prochaines décennies.
Pour y arriver, il faut aussi sensibiliser les politiques et les économistes à l’illusion de la croissance illimitée.
Le MCMC et le Vatican jouent un rôle clé pour faire entendre la voix des catholiques et encourager à prendre des décisions ambitieuses. Ils vont continuer à promouvoir les accords de Paris (soutenus par un million de catholiques lors de la Cop 2015), la biodiversité et une économie réellement durable. Au cours des prochains mois se tiendront des actions lors du Pacte mondial pour l’environnement, du Forum économique mondial à Davos ou de la Cop26 au Royaume-Uni.
Ainsi, tous les aspects de la vie, personnelle et professionnelle, privée et publique, sont liés. Cette année Laudato Si’ et l’encyclique nous invitent à agir d’urgence, car il en va de notre existence.


✐ Nancy GOETHALS – Journal « Dimanche » n°23
(1) Lire sur www.centreavec.be la réflexion
de Claire Brandeleer « Laudato Si, cinq ans
après »
(2) Lire sur Cathobel « Le Vatican lance une année écologique