Édito

« Vacances, j’oublie tout ! Plus rien à faire de tout… »

ET oui, on voudrait bien mais comment oublier que le monde dans lequel on vit ne nous laisse aucun répit ? Même en faisant très attention à n’allumer ni radio, ni TV, les infos arrivent toujours à s’infiltrer dans nos journées. Via le Net, nos téléphones, les conversations fortuites sur le temps qu’il fait et Donald Trump qui a encore… Impossible d’y échapper.

Est-ce que « débrancher » est une option ? Est-ce qu’éviter les JT, les journaux, les flashes info n’est pas de l’indifférence déguisée ?
Est-ce que trop d’infos peut nuire à la santé ?
Est-ce que freiner un peu ses engagements bénévoles ou professionnels est une trahison quand on a besoin de décélérer pour pouvoir durer ?
Est-ce qu’un instant, juste un instant, on pourrait s’évader… et rêver d’un monde où les seules explosions seraient celles des feux d’artifice des fêtes de village quand vient l’été ?

Oui mais, et tous ceux qui subissent de plein fouet l’embrasement du Moyen Orient, quelle que soit la nationalité qui s’affiche sur leur carte d’identité ? Tous ceux qui perdent leur emploi, leurs allocations de chômage ou sont inquiets pour leur pension alors qu’un milliardaire privatise une partie de Venise pour son mariage ? Tous ceux à qui n’est reconnu aucun droit sauf celui de se taire ? Tous ceux dont les rêves se fracassent dès l’enfance, continuent de se déchirer à l’âge adulte et finissent par s’écraser tout à fait dans la solitude de la vieillesse ?

Tous ceux qui ne dorment plus, ne mangent plus, ne rient plus et finissent même par ne plus parler parce que trop de douleur, d’horreur et de malheur…?

« Venez à l’écart dans un endroit désert, et reposez-vous un peu. » De fait, ceux qui arrivaient et ceux qui partaient étaient nombreux, et lon navait même pas le temps de manger. Alors, ils partirent en barque pour un endroit désert, à l’écart. » Marc 6, 31-32

Alors… peut-être pas « vacances, j’oublie tout », mais à coup sûr quitter les routes du quotidien trop rempli de tout et s’égarer un peu sur des sentiers buissonniers, pour se restaurer l’âme avec celui qui nous y invite avant de nous envoyer vers « les brebis sans berger ». (Mc 6, 34)

Anne