Fêter Noël « normalement » ???
On ne pourra pas fêter Noël normalement, le virus a tout foutu en l’air ! Quelle catastrophe ! La fête n’aura pas lieu puisqu’on ne peut pas se réunir ! Le Père Noël ne viendra pas et il n’y aura même pas de messe de Minuit…
Sauf que… il y a quand même quelqu’un qui vient… et c’est comme ça depuis plus de 2000 ans ! Nous serons peut-être orphelins du Père Noël et de ses marchés mais pas de Dieu-avec-nous, Emmanuel, Dieu qui s’approche, désarmé comme un bébé…
C’est ça, oui… et tu crois que ton prêchi-prêcha va nous consoler et nous suffire ? Dieu, un bébé ? Et il y a de quoi faire la fête avec ça ?
Ben ! une naissance tout de même, c’est du neuf, du « pas- encore-écrit », l’éternel recommencement, la vie qui est plus forte que tous les Hérode d’hier et d’aujourd’hui, c’est de l’espérance pour demain, c’est de la confiance, c’est la couche nuageuse qui se déchire…
Mon Dieu ! Quelle naïveté… tu fais pitié ! Et tu as l’air d’y croire en plus !
J’y crois, oui… et je vais te dire pourquoi… Pour le moment, un minuscule petit virus hirsute fait vaciller le monde en privant – au sens propre – ses habitants de souffle ; cette même petite saloperie sème la peur au point que tout s’arrête pour que notre mode de vie habituel n’envenime pas les choses. Quand certains ont l’impression que le fait de ne pas pouvoir faire chauffer leur carte de crédit signe à coup sûr la fin du monde, enfonçant du coup plus bas que terre ceux qui n’en ont pas, ou plus, ou qui n’en ont jamais eu… quand on en arrive à croire que si la dinde n’est pas fourrée, le champagne débouché et la bûche partagée, Noël n’est pas Noël !… Et bien je dis… vous avez raison ! Ce Noël-là, n’est pas Noël… et il ne l’a jamais été… Par contre, quand je vois des gens exténués parce qu’ils se donnent à mille pour cent pour que le vilain hirsute ne gagne pas. Quand je vois les trésors d’ingéniosité et de créativité que certaines familles déploient pour que l’harmonie demeure sous leur toit. Quand je vois tous les petits gestes de solidarité dont sont capables des hommes, des femmes et des enfants qui à défaut d’en avoir le physique ont le mental des héros. Quand je vois tout ça, je me dis que Noël n’est pas encore là mais que l’Avent a commencé bien plus tôt que d’habitude cette année et que ça pourrait nous préparer un Noël inouï…
Tous ces gestes, ces paroles, ces actions dont nous sommes capables, sont le signe qu’il y a en nous bien plus fort, plus grand, plus beau que nos petites misères, nos petitesses et parfois nos grandes turpitudes. Ça s’appelle l’espérance, c’est un trésor à partager, à transmettre par sa vie dans toutes les circonstances… Et cet enfant dans la crèche, tout petit, fragile, à protéger… comme notre petit bout de foi … Il est cette espérance. Je l’appelle Dieu…
C’est ça Noël, l’essence même de l’espérance ! Qui dira qu’il n’a pas besoin d’espérance ?
Anne