Eclats d’évangile : que dit Jésus de la mort ?

Par exemple, dans l’évangile qui raconte la résurrection de son ami Lazare, Jésus déclare :

« Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? » Jn 11, 25-26

Face à la mort physique, Marthe, tout comme nous, raisonne en terme de vie biologique et chronologique. Oui, la vie est ce temps dont on dispose sur terre, dans le corps qui est le nôtre pour accomplir un certain nombre de choses, pour recevoir et donner, pour transmettre, pour aimer, pour être et paraître, pour faire, etc. Et la mort c’est quoi… c’est la fin de tout cela, c’est la destruction de la personne, c’est sa pulvérisation dans l’inconnu, le néant. C’est la fin de la relation. C’est la fin.

(…)«Je suis la résurrection et la vie»: réponse de Jésus à Marthe. Je suis la résurrection et la vie. Je suis. Comme les mots de Dieu quand il s’est révélé à Moïse dans le buisson ardent en lui disant «Je suis celui qui suis». Ce n’est pas rien! Tout à coup, la vie est une personne. La vie c’est Jésus-Christ de Nazareth, celui que Dieu a envoyé pour nous. Etre en vie devient non pas être une âme et un esprit dans un corps qui fonctionne, mais croire en Jésus-Christ, recevoir ce don qu’il nous donne, dans le présent de nos vies. Pas dans un futur théorique et inconnu, pas «un jour, quand tout sera accompli». Je suis, là, maintenant. La résurrection et la vie. La résurrection c’est aujourd’hui, pas demain. La vie c’est maintenant, pas plus tard. Et il rajoute «Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra; quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais».

Extrait de la prédication de Linda Sibuet, pasteure pour une célébration œcuménique à l’église Saint Robert de Founex, en Suisse.

Édito

« C’est fou de penser qu’on ne va jamais mourir… C’est être fou de ne jamais penser à la mort… c’est être fou aussi d’oublier que même si on va mourir un jour, là, maintenant, on est vivant ! »

Je tombe par hasard sur une interview du psychiatre Christophe André où il lâche ces paroles sur la mort.
Je retiens ces trois courtes phrases et me dis qu’il a vraiment tapé « juste » : la mort, on voudrait l’oublier alors on n’en parle pas parce que, c’est bien connu, ce dont on ne parle pas, n’existe pas ! Oui mais on n’y échappe pas : on a tous dit adieu à un proche, parent, frère, soeur, ami.e. Beaucoup d’entre nous ont dû affronter un diagnostic qui soudain a rendu très concrète notre finitude… On n’y échappe pas… La bonne nouvelle, c’est qu’en attendant le moment du grand passage (encore une façon de ne pas parler de la mort), nous sommes vivants ! Nous sommes des VIVANTS !

Et c’est là que j’entends soudain les paroles de Jésus : « Je suis venu pour qu’ils aient la vie et qu’ils l’aient en abondance ! » (Jn 10,10) et « Je suis le chemin, la vérité et la Vie. » (Jn 14, 6).

Avoir la vie en abondance ne concerne certainement pas la jouissance matérielle de richesses économiques puisqu’on le sait, avec Jésus, on assiste à un retournement de nos valeurs : les Béatitudes, lues le jour de la Toussaint, en témoignent.

La Vie que propose le Christ privilégie quelques attitudes incontournables :

  • être debout, libre et les mains ouvertes pour tout recevoir de la bonté de Dieu et la partager largement ;
  • se tenir du côté des plus petits : les sans défense, les rejetés, les mal ou non-aimés, tous ceux qui ne sont« personne » aux yeux de celles et ceux qui se croient « quelqu’un » ;
  • penser « ici et maintenant » plutôt que « plus tard quand j’aurai le temps » ;
  • s’empêcher de diffamer, de moquer, d’intimider, d’écraser, d’abîmer, bref de détruire ;
  • Aimer, toujours, à temps et à contre-temps, donner sa chance à chacun, offrir son temps, sa compassion, son empathie, son aide ;
  • Ne pas chercher à vivre à la place de l’autre mais lui dire qu’il peut y arriver, avec des pas à sa mesure, avec des passages douloureux certes, et transmettre ainsi l’espérance sans laquelle rien n’est possible.

Et oui, c’est là tout le paradoxe avec Jésus : avoir la vie en abondance, cela ne peut se faire qu’en la donnant généreusement, comme on l’a reçue ! Tout un programme, on est d’accord ! Pas facile, c’est vrai ! A contre-courant, admettons ! Finalement, on s’en f… ! L’important, c’est la joie, la paix et la liberté que croquer dans cette vie-là procure qui compte, non ?

Alors, on choisit la Vie ?

Anne

Edito d’Anne

Pixabay

Les jours ensoleillés que nous venons de vivre en mars sont encore une fois venus conforter une impression que je ressens à chaque retour du printemps : la vie se joue de ce qui semble mort ! Sur des branches qui paraissent sèches, de jeunes bourgeons commencent à pointer et même à vouloir éclater, des fleurs s’ouvrent offrant un prisme de couleurs qui réjouissent les yeux et réconfortent l’âme. Ma respiration se fait plus ample et je me surprends à sourire quand mes yeux explorent le jardin et ses alentours. C’est bientôt Pâques !

Oui, Pâques est, pour moi, lié à la nature et donc forcément à la vie… d’abord et avant tout à la vie. Mais aussi à la mort, c’est inévitable.

Pâques c’est cette fête bizarre où la détresse et l’angoisse font soudain place à la joie et à l’espérance ; cette fête qui fait du bois du supplice le nouvel étendard de la vie en abondance ; cette fête où le corps meurtri, brisé, avachi de Jésus se redresse et relève avec lui tous les affligés, les opprimés, les humiliés, les prostrés, les « niés »… toutes celles et ceux qui rêvent qu’il  y a une vie avant la mort.

Ne l’oublions jamais, Pâques nous montre en pleine face que tout ce qui est beau dans la vie et l’humanité peut être sali par la violence, le mal, les injustices… mais que depuis Jésus la vie ne se laisse pas anéantir par les forces de mort. C’est hautement subversif parce qu’avec Jésus, c’en est fini du silence des victimes imposé par la superbe des tyrans indifférents à la souffrance de leur petit monde.

Pâques nous dit que Dieu est clairement aux côtés des femmes et des hommes déshumanisés, réduits à l’état de choses, et sa présence, juste là, à leurs côtés, fait de leur silence une clameur assourdissante. Si nous ne l’entendons pas, c’est que nous n’avons pas encore compris ce que la mort et la résurrection du Christ Jésus nous murmure depuis deux millénaires : ne regardez pas le monde à partir de ceux qui dominent et imposent leur force, quelle qu’elle soit… regardez le monde par le bas, regardez la vie toute fragile de ceux qui sont méprisés et exclus. Les forces de l’amour et de la solidarité sont bien plus grandes que les forces de mort.

Pâques c’est cette fête qui convertit même la mort pour en faire, non plus l’arme du pouvoir, de la peur et de la violence, mais la compagne de la vie tout simplement… un moment de la vie … et pas le contraire.